Il est peu de dire qu’Adrian Lyne a eu le nez creux en pondant ce petit bijou au début des années 90. En choisissant Tim Robbins, alias Jacob Singer, comme tête d’affiche, il ne s’est également pas trompé.
L’intrigue nous plonge rapidement dans un tourbillon glauque et pervers, nous accompagnant dans le périple du héros, de cauchemar en cauchemar, avec le Viêt-Nam en rampe de lancement dans un cheminement qui ne vous laissera pas insensible. Et pour la petite info, l’Échelle de Jacob a été une source d’inspiration inestimable pour Keiichiro Toyama, l’auteur de la série Silent Hill (les jeux, pas les films décevants) ; Adrian Lyne s’étant lui-même basé sur l’Enfer de Dante. Toutefois, nous n’en dirons pas plus à ce sujet, vous en conviendrez.
Si tout au long du film il est difficile de prendre de réels repères, un peu à l’image du Mulholland Drive de David Lynch, le spectateur restera scotché devant cette mélodie mêlant peur, traumas en tout genre et divine paranoïa. L’expression « lutter contre ses démons » trouve ici tout son sens, à l’image de l’expérience de l’Enfer du protagoniste au propre et au figuré.
Imaginez ce sentiment en ouvrant les yeux lorsque vous venez de quitter les bras tortueux de terreurs nocturnes irrespirables. Imaginez ce mélange curieux de dégoût et de soulagement devant le miroir ; la bouche est pâteuse et le regard perdu. Finalement, vous vous rendez compte que vous n’en êtes jamais sorti, qu’il ne s’agit que d’une étape supplémentaire dans une descente cynique vers les abysses les plus sombres de votre esprit.
Si le film a reçu un accueil discret à sa sortie, il n’en reste pas moins une œuvre à découvrir et à redécouvrir tant les fils de lecture sont vastes et captivants. Si l’on a tendance à vous rabâcher de dire oui à la vie, pour une fois… dites oui aux tréfonds de l’horreur !
Doctor Paper
Crédit de une : Cinémas Utopia