Après les fabuleux Porco Rosso, Princesse Mononoké ou encore le Château ambulant, Miyazaki avait habitué ses fans à un bonheur visuel, magique et lyrique indémodable. Des qualités qui perdurent dans cet opus, mais pour ce dernier volet long-métrage du co-fondateur du studio Ghibli, il vaut mieux passer son tour.
In the air tonight
L’histoire se déroule en terres nippones aux prémices de la seconde guerre mondiale et met en scène un jeune garçon passionné d’aviation. Ce dernier est destiné à un avenir radieux en tant qu’ingénieur dans l’aéronautique. Les musiques orchestrales et les dessins d’une qualité rare nous rappellent très vite au bon souvenir de Miyazaki père au sommet de son art. Malheureusement, le déluge de bons sentiments tout au long du récit est plus qu’agaçant. Tout comme un univers totalement édulcoré… On a connu le réalisateur plus inspiré et surtout plus incisif. Très peu de prises de risques scénaristiques du moins historiques. Le portrait intime dressé du jeune garçon est un échec total.
Un personnage emprunt d’un égoïsme latent
A l’image d’un Labyrinthe de Pan, le héros s’évade du climat de la guerre par des passages oniriques où il rêve l’aviation. Il se veut comme une alternative à cet univers conflictuel, à l’image d’un sauveur totalement désintéressé. Pour revenir sur le titre de l’œuvre, « Le vent se lève », la signification reste un peu fade ou enfantine, rien à voir avec la portée plus lourde de sens du film du même nom de Ken Loach par exemple… Mais on vous laisse la surprise. Alors que Miyazaki souhaite absolument humaniser son personnage, un garçon brillant et courageux, on est plutôt confronté au portrait d’un geek, carriériste et soutenant un égoïsme à toute épreuve. L’épisode amoureux en est d’ailleurs l’amère illustration. Le film étant tout public, l’image donné par le personnage principal reste loin des idéaux du genre.
Et quelques clopinettes…
La cigarette au cinéma, elle, revient à la mode. Fumeurs s’abstenir. L’évolution des mœurs qui, par le passé, avait peu à peu proscrit l’usage de la clope au cinéma, commence à reprendre un tout autre chemin. Les personnages ne cessent de fumer, les cendriers débordent. Exemple frappant, un mégot usé est même utilisé en dernier recours par l’un des protagonistes. Le bilan du Vent se lève est donc bien mitigé, mais il serait dommage de s’arrêter à cet échec, certes, cuisant. La carrière de Miyazaki père reste un modèle du genre. Une poésie enivrante perpétuelle qui a su séduire petits et grands.
Doctor Paper
Crédit : sortiedusine.org