Octobre 1975. Kraftwerk balance une bombe – sans vouloir faire de vilain jeu de mot – intitulée Radio-Aktivität dans l’industrie musicale. Avant-gardiste, politisé, précurseur de grands mouvements musicaux tels que la synthpop (écoutez Ätherwellen…), l’électro ou l’indus, le disque ne se révèle pas moins fin et malicieux, teinté d’un humour bien spécifique au groupe. Simple exemple pourtant très parlant, “Ohm Sweet Ohm”, petite balade électronique faussement naïve.
Ce qui frappe le plus au premier abord, ce sont ces synthétiseurs froids et métalliques, en plein contraste avec les textures sonores, le plus souvent des chœurs synthétiques. Le sound design et les samples bâtissent un univers partagé entre l’Homme et la machine. Les souffles, les gaz relâchés par les usines (Radioaktivität), les voix robotisées (Die Stimme Der Energie) ou encore les bruitages d’électrocardiogrammes (Nachrichten, Geigerzähler) créent une certaine harmonie. L’usine est-elle un automate habité qui se meut de l’intérieur grâce à l’humain ? L’usine est-elle un être vivant à part, ou une pleine cohabitation entre elle et ses travailleurs, à l’instar d’une ruche et ses abeilles ?
Radioaktivität : la dystopie électro-industrielle
Kraftwerk questionne et donne quelques pistes à soulever. Le célèbre code en morse du titre éponyme, épelant “RADIOACTIVITY” puis “IS IN THE AIR FOR YOU AND ME”, sonne comme un appel à l’aide, une urgence à agir pour préserver la vie sous toutes ses formes. Le fond du discours tant sonore que politique apparaît dès lors comme un paysage dystopique, que le duo allemand observe ironiquement depuis l’Allemagne…
Doctor Psychotropic
Crédit de une : Kraftwerk