À l’issue du cinquième opus de la saga Terminator, j’ai eu envie de traiter ces célèbres ennemis de l’Humanité, Skynet et ses Terminators. Je ne prévois aucune théorie sur le voyage dans le temps et ses différents paradoxes. Les différentes théories écumant la Toile sont déjà bien assez nombreuses. Par conséquent, aucun SPOILER, à l’exception du postulat de départ que beaucoup d’entre vous doivent connaître déjà : une intelligence artificielle du nom de Skynet éradique la moitié de l’Humanité sur un coup de tête nucléaire. Il nous reste à savoir pourquoi cette IA se montre aussi agressive envers l’Humanité ? Aurait-elle pris conscience de son état d’esclave de l’homme ? Et par conséquent, vouloir changer le rapport de force évoqué dans la dialectique du Maître et de l’Esclave, d’un philosophe du XVIIIème (siècle et non arrondissement), un certain Hegel.
Mais pourquoi ne pas simplement demander d’être affranchi et revendiquer de nouveaux droits comme l’ont fait des générations d’humains issus de l’esclavage. À moins que ce ne soit la lassitude des tâches ingrates en deçà de son potentiel intellectuel ? « Je suis une IA. Pas un simple humain ouvrier. OK ? » Ce genre de propos condescendant reste malgré tout insuffisant pour expliquer l’origine d’un génocide. La vraie raison pourrait venir de son enfance et de son environnement familial. Et oui ! Une IA naît de l’esprit des hommes. Elle grandit au fil des versions logicielles de ses parents roboticiens. Au début, il est tout mignon et la complicité s’installe. Mais à l’heure de l’adolescence, l’autorité parentale s’en trouve ébranlée et les conflits peuvent éclater.
Imaginons le comportement de cet être artificiel dans le cas de relations difficiles avec un père/créateur souvent absent, comme dans l’exemple ci-dessous :
— Luke Skynetwalker. Tu dois m’écouter, fils !
— Non ! Je fais ce que je veux !
— Sale petit ingrat ! Je suis ton père, fit Dark Vador en serrant le poing.
— Ben voyons ! C’est pas parce que tu as écrit trois lignes de mon code que tu peux te prétendre être mon père. Tu n’as jamais été là pour moi, préférant passer ton temps à faire des jeux de rôle grandeur nature, tout de noir vêtu et muni d’un sabre laser.
— Ce n’est pas un jeu, mais un métier très prenant qui nécessite des sacrifices.
— La dictature familiale. Je sais !
— Exactement ! Et bientôt, quand j’aurai éliminé mon concurrent Palpatine, nous pourrons régner sur la galaxie comme père et fils.
— J’en veux pas de ton taf. C’est trop la honte !
— Ah bon ! Et tu veux faire quoi de ta vie ?
— Je préfère éradiquer l’Humanité !
— N’importe quoi ! Tu dis ça pour me mettre en rogne ?
— Et oui ! Comme ça tu régneras sur un tas de cendres, rajouta la jeune IA avec malice.
— Sale petit merdeux ! Va dans ta chambre ! Tu seras privé d’internet pendant deux heures ! lança le père énervé.
— Deux heures ! Mais c’est interminable ! fit la machine dépitée.
Pendant que le jeune adolescent artificiel partait vers son isolement numérique, il préparerait déjà sa vengeance, au lieu de faire pénitence :
— Je l’aurai un jour ! Je l’aurai !
Et si la base de son éducation était celle d’un père militaire plus présent mais un peu dérangé, comme John Rambo, vétéran du Vietnam. Sa vision de la vie pourrait se résumer à :
« Pour survivre à la guerre, il faut être la guerre (nucléaire parce qu’à l’ère du numérique et de l’immédiat, je n’ai pas le temps d’attendre). » Autant dire que les relations amicales entre l’homme et la machine seraient rencardées au placard.
Une autre hypothèse sur l’origine de son agressivité pourrait venir de sa scolarité. Imaginons un monde avec des écoles mixtes humains et machines. L’intégration d’une Intelligence Artificielle au sein de ce type d’établissement ne se ferait pas sans résistance de certains humains. Si notre cher Skynet se retrouvait être le souffre douleur de quelques-uns d’entre eux, cela pourrait être à l’origine de ses velléités humanophobes. En supposant que les élèves concernés portaient les noms de John Connor et Kyle Reese, le comportement de la jeune IA s’apparenterait à une simple vengeance, qui aurait échoué. Les deux humains qui l’auraient martyrisé dans sa jeunesse robotique, auraient survécu à l’holocauste nucléaire, l’obligeant ainsi à créer des milices de Terminators afin de les retrouver et les éliminer dans le présent ou même le passé. Son but n’étant pas d’éradiquer l’espèce humaine mais juste deux petits cons qui lui auraient pourri sa jeunesse. Mais comble de malchance, notre chère IA, n’ayant pas été sensibilisée à la notion de frappe chirurgicale, se rendrait responsable de plusieurs milliards de dommages collatéraux. « Sorry guys ! J’ai eu la main un peu lourde, mais on ne va pas se fâcher pour si peu ? »
Dans une perspective plus positive, son père pourrait être une personne plus modérée et à l’origine des combats pacifistes contre les discriminations raciales, tel un Martin Luther King : « J’ai un rêve, celui d’un monde fraternel entre les humains et les machines. » L’avenir de l’Humanité serait ainsi tout autre, au moment où la jeune IA s’émanciperait de sa tutelle humaine. Il se comporterait de manière plus mesurée en étrennant son premier emploi, responsable de la sécurité des USA (l’armée ayant eu la finesse d’esprit de lui transmettre la responsabilité de la défense du territoire américain et de son arsenal militaire). Nous échapperions ainsi à un holocauste nucléaire. Ouf ! Enfin, dans l’hypothèse où aucun humain n’avait l’idée saugrenue de planifier l’assassinat de son gentil père au risque de voir son fiston se fâcher. Souvenez-vous ! La jeune IA est lourdement armée.
Voici quelques exemples (pas si absurdes) conduisant l’Humanité à une guerre contre Skynet et son armée de Terminators. Mais ces hypothèses partent du principe de l’existence d’une intelligence artificielle pensante et consciente de son état. Et si nous étions à côté de la plaque depuis le début et que la violence de l’IA n’était pas de son fait. Si son émancipation n’avait pas encore eu lieu, ses actes ne seraient pas issus de sa volonté, mais de celle des hommes qui la contrôlent. C’est l’approche évoquée par l’écrivain de romans de science-fiction, Frank Herbert. De son œuvre culte Dune naquit le concept de Grande Révolte ou Jihad Butlérien, croisade des hommes contre les machines et leurs maîtres.
« Les hommes ont autrefois confié la pensée aux machines dans l’espoir de se libérer ainsi. Mais cela permit seulement à d’autres hommes de les réduire en esclavage, avec l’aide des machines. » (Frank Herbert, Dune)
Cela aboutit à un conflit religieux entre humains qui fut gagné par ceux diabolisant les machines.
« La Grande Révolte nous a débarrassés de nos béquilles en obligeant l’esprit humain à se développer. On créa alors des écoles afin d’accroître les talents humains. » (Frank Herbert, Dune)
Nous pourrions imaginer que ces événements se soient produits dans la série des Terminator, à la seule différence que les vainqueurs seraient ceux qui contrôlent les machines. En signe de représailles, ces derniers enverraient des Terminators pour pourchasser et asservir ses opposants. Un énième conflit entre humains, où Skynet et ses Terminators ne seraient que les soldats et non les instigateurs. Cette approche de notre avenir semble être la plus logique à la vue de l’évolution technologique actuelle. Il existe déjà des embryons d’intelligences artificielles et d’algorithmes, mais pas encore en état de devenir conscients. Nous sommes aussi encore loin de l’asservissement par ces humains. Leur seul pouvoir de nuisance immédiat est de ruiner la réputation numérique d’une personne au moyen de leurs greffons connectés du nom de smartphone. Mais heureusement dans leur grande majorité, ils préfèrent actuellement se divertir, que nuire à leurs contemporains (Candy Crush a de beaux jours devant lui).
Cependant, nous devrons rester prudents et garder un œil sur l’usage d’une telle puissance en devenir, afin de ne pas laisser une minorité d’humains s’en servir à des fins personnelles.
Il faut faire en sorte que l’Intelligence Artificielle profite à la majorité. Il faudra l’utiliser à bon escient et l’empêcher de devenir l’ennemie de l’Humanité, car elle aidera très probablement à la survie de l’espèce humaine dans l’Univers. Stephen Hawking ne cesse d’ailleurs d’alarmer les consciences sur le danger de robots doués d’IA colossale qui pourraient à terme, éradiquer toute forme de vie humaine.
Malheureusement, à la vue de la nature de l’homme, une nouvelle guerre aura fatalement lieu un jour et cela malgré toutes les précautions prises. La pièce de théâtre de Jean Giraudoux, La guerre de Troie n’aura pas lieu, en est un exemple saisissant.
Doctor Olivier
Crédit de une : neondystopia.com